La présence d'animaux dans les cirques en France suscite de vives controverses. Bien que la législation ait évolué ces dernières années, certains spectacles itinérants continuent d'utiliser des espèces sauvages pour divertir le public. Examinons les raisons de cette situation et les enjeux qui en découlent.
La loi du 30 novembre 2021 marque un tournant dans la réglementation des cirques avec animaux. Elle prévoit l'interdiction progressive de la détention d'espèces sauvages à des fins commerciales. Concrètement, depuis le 1er décembre 2023, les établissements itinérants ne peuvent plus :
À partir du 1er décembre 2028, ces mêmes établissements ne pourront plus :
D'un autre côté, cette loi ne concerne pas tous les animaux. Le Code de l'environnement définit les espèces non domestiques comme celles n'ayant pas subi de modifications par sélection humaine. Un arrêté ministériel du 11 août 2006 précise cette notion en listant les espèces domestiques, parmi lesquelles on trouve :
Animaux domestiques | Animaux non domestiques |
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Chien, chat, cheval | Lion, éléphant, ours |
Dromadaire, lama, alpaga | Tigre, singe, girafe |
Buffle, paon | Hippopotame, rhinocéros |
Malgré ces avancées, plusieurs incohérences subsistent dans la législation française. Le Code rural et de la pêche maritime stipule depuis 1976 que tout animal, en tant qu'être sensible, doit être placé dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. Or, la vie en cirque pose question pour de nombreuses espèces, même domestiques.
Prenons l'exemple du dromadaire. Cet animal :
Comment concilier ces besoins avec une vie de spectacle itinérant sous nos latitudes ? Cette contradiction soulève des questions éthiques importantes.
La loi de 2021 a également introduit dans le Code de l'éducation un enseignement visant à sensibiliser les élèves au respect des animaux de compagnie. Paradoxalement, les cirques continuent de présenter des animaux dans des conditions peu naturelles, pour le divertissement humain.
Cette situation peut avoir des conséquences négatives sur la perception des animaux par les enfants :
De plus, depuis 2015, le Code civil reconnaît les animaux comme des êtres vivants doués de sensibilité, et non plus comme de simples biens meubles. Cette évolution juridique entre en contradiction avec la présentation d'animaux dans des spectacles itinérants.
Face à ces débats, certains cirques n'ont pas attendu l'évolution de la loi pour se réinventer. Des alternatives émergent, respectueuses du bien-être animal tout en préservant la magie du spectacle :
Ces initiatives démontrent qu'il est possible de concilier divertissement et respect du vivant. Elles ouvrent la voie à une nouvelle ère du cirque, où l'émerveillement ne se fait plus au détriment du bien-être animal.
Ainsi, bien que la France autorise encore partiellement les cirques avec animaux, une transition est en cours. Entre évolutions législatives et innovations dans le monde du spectacle, l'avenir du cirque se dessine progressivement sans animaux réels, dans le respect de leur sensibilité et de leurs besoins naturels.
Mis à jour le 30 juillet 2024